Depuis plus de 30 ans, le PCOA contribue à des projets de recherche et de suivi qui permettent de mieux comprendre et gérer les populations d’oies et de bernaches. Une grande partie du travail s’effectue dans l’Arctique et ne serait pas possible sans les camps de recherche en région éloignée qui ont été établis et utilisés en collaboration avec les gouvernements et les différentes voies migratoires. Il est difficile de concevoir la logistique entourant la construction et l’entretien d’un camp sécuritaire à proximité des principales colonies d’oies et de bernaches dans des régions où l’accès est extrêmement limité, le climat est rigoureux et des ours blancs sont présents. L’histoire de ces camps est remarquable.

Grâce à la ténacité de nombreuses personnes, ces camps se sont développés au fil des ans et englobent maintenant une vaste gamme de nouvelles recherches, tout en ayant comme objectif principal le suivi des oies. Au total, environ un million d’oies et de bernaches ont été baguées sur ces sites , et plus de 700 publications ont découlé des études menées par des centaines de chercheurs d’Amérique du Nord et d’Europe. En plus d’accueillir des chercheurs chevronnés, ces camps ont joué un rôle essentiel pour les étudiants qui ont effectué des travaux de terrain en Arctique et ont été initiés à la recherche scientifique.

Pour de plus amples renseignements sur ces camps et d’autres camps de recherche en milieu nordique , veuillez consulter le site Web et le réseau des sites du Réseau canadien des opérateurs de recherche nordique (RCORN). http://cnnro.ca/

Carte du camp Goose Field

Camp de recherche sur les Bernaches cravants, baie East de l’île Southampton (établi en 1957)

La baie East de l’île Southampton est un lieu de recherche sur les oies et les bernaches depuis 1957, année où l’on y a étudié la Bernache commune(aujourd’hui Bernache cravant de l’Atlantique) pour la première fois. Ce camp a aussi été utilisé en 1979, 1980, 2010, 2014 et 2015. Pendant toutes ces années, l’accent a été mis sur la biologie de reproduction de la Bernache cravant, mais les autres espèces d’oies et de bernaches qui y nichent (Petite Oie des neiges, Bernache de Hutchins et Oie de Ross) ont également été étudiées et suivies. C’est le seul endroit dans l’aire de répartition de la Bernache cravant de l’Atlantique où des renseignements détaillés sur la nidification ont été recueillis systématiquement. Des études sur l’habitat des bernaches y ont été menées de 2010 à 2015. Tous les camps étaient des camps saisonniers qui accueillaient de deux à huit chercheurs selon les années. Le premier chercheur qui étudiait la Bernache cravant a marqué l’emplacement de son camp de 1957 au moyen d’un cairn qui est toujours debout. Il a aussi écrit un message, toujours visible, sur le côté de l’esker du camp en utilisant des dalles de calcaire. Son message était une communication sur le succès de la saison de reproduction, destinée aux occupants d’un aéronef d’un inventaire aérien qui passait s’assurer de son état . Le message se lisait (en partie) comme suit : BAD YR FEW YG GEESE (MAUVAISE ANNÉE PEU D’OISONS).

1957 – Cairn marquant le camp recherche sur la Bernache cravant de la baie East, et message écrit à l’aide de plaques de calcaire.

Vue aérienne du camp de recherche sur la Bernache cravant de la baie East en 2014.

Camp de recherche sur la Bernache cravant de la baie East en 2014.

Camp de la rivière McConnell (établi en 1958)

Des recherches sur les oies ont été effectuées périodiquement dans le refuge d’oiseaux migrateurs de la Rivière-McConnell (Kuugaarjuk) et aux alentours, en commençant par le baguage des Bernaches du Canada et des Oies des neiges en 1958. Des travaux importants sur la Petite Bernache du Canada (maintenant la Bernache de Hutchins) et la Petite Oie des neiges ont été menés entre 1958 et 1973. Ils ont porté notamment sur l’alimentation et les habitudes alimentaires des deux espèces, la dynamique de la reproduction des Petites Oies des neiges, la structure de la population et le comportement . Le baguage consistait à utiliser des colliers à code unique – une première dans l’Arctique –, ce qui a permis de suivre des individus pendant de nombreuses années et de fournir les premiers renseignements sur la fidélité aux sites de nidification et d’élevage des couvées, la formation des couples, les liens familiaux et l’utilisation de haltes migratoires et de sites d’hivernage sur toute l’aire de répartition. Le plus grand projet de baguage d’oies au monde a été mené en 1977 et 1978, avec plus de 25 000 Petites Oies des neiges baguées en 1977 et plus de 50 000 baguées en 1978. Les efforts de baguage se sont poursuivis jusqu’en 2007. L’évaluation de l’habitat effectuée de la fin des années 1970 jusqu’au milieu des années 1980 a fourni une première observation de broutement excessif par les Petites Oies des neiges. La classification de l’habitat a également été réalisée. Un autre camp a été établi du côté nord de la rivière McConnell, près du lac Disappointment, en 2003. Il a servi de base pour la recherche d’une colonie en pleine croissance d’Oies de Ross et de Bernaches de Hutchins nicheuses. La recherche et le baguage se sont poursuivis jusqu’en 2007.

Bâtiment et camp de la rivière McConnell en 1967.

Vue aérienne du camp de la rivière McConnell au début des années 2000.

Vue aérienne du camp du côté nord de la rivière McConnell près du lac Disappointment, au début des années 2000.

Barry, T. W., 1967. Geese of the Anderson River Delta, Northwest Territories (thèse de doctorat, Université de l’Alberta, Edmonton, Canada).

Station de recherche du SCF de la rivière Anderson (T.N.-O.), 1993.

Camp de la rivière Anderson (établi au début des années 1960)

La maison de Krekovic Landing, le long de la rivière Anderson, a été construite en 1947 pour les éleveurs de rennes de la région. Elle a ensuite été acquise par le Service canadien de la faune et utilisée pour des études sur la Bernache cravant, l’Oie des neiges, l’Oie rieuse, le grizzli ainsi que sur l’habitat depuis les années 1960 jusqu’au début des années 2000. Une cache a été construite sur le toit pour permettre l’observation directe des oies nicheuses. Le camp est utilisé de façon occasionnelle par des canoteurs ou des chasseurs , mais les chercheurs y sont absents depuis le début des années 2000. Le camp devait faire l’objet de réparations importantes en 2009. Il est situé à environ 100 km à l’est de Tuktoyaktuk (T.N.-O.).

Camp de la rivière Perry (établi en 1964)

Construit à l’été 1964, le camp de la rivière Perry est situé dans le refuge d’oiseaux migrateurs du Golfe-Queen-Maud, le long de la rive est de la rivière Perry. L’agrandissement du côté est a été ajouté au bâtiment en 1975. Le camp a été utilisé par plusieurs chercheurs au fil des ans et est maintenant principalement utilisé que quelques semaines par année pour le baguage des oies.

Camp près de la rivière Perry.

Camp près de la rivière Perry en 2019.

Camp Nester One (établi en 1967)

Le plus vieux camp a été établi dans le nord du Manitoba, et les chercheurs s’y sont installés pour étudier les Bernaches du Canada qui nichent le long de la côte de la baie d’Hudson. Le camp Nester One a été nommé en raison de son indicatif d’appel radio « goose nesting » (nidification des oies). Au départ, le camp consistait en un bâtiment de type Quonset et en une toilette extérieure qui était régulièrement détruite par les ours blancs. Pendant de nombreuses années, un résident de Churchill a transporté, dans tous les types de conditions météorologiques, le matériel nécessaire au camp à bord de sa motoneige sur chenilles Bombardier, que ce soit du carburant d’avion, du mazout, de la nourriture ou des matériaux de construction (dont un évier de cuisine).

Camp Nester One en 1976.

Transport de matériel vers le camp Nester One au début des années 1970. L’une des premières mentions d’activités de baguage d’oies dans le nord du Manitoba date de 1956, lorsque des scientifiques ont utilisé des canots de fret pour se déplacer et ont rassemblé les couvées d’oies à pied!

Camp Nester One en 2017.

Camp Nestor Two – Baie La Pérouse (établi en 1968)

D’abord nommé pour le distinguer par radio de Nester One, ce camp a été établi pour l’étude de la colonie d’Oies des neiges de la baie La Pérouse, au Manitoba. Les recherches se sont concentrées sur le cycle vital complet de l’espèce, dont la génétique reliée à la couleur, les stratégies d’accouplement, la structure de la population et la survie. De 1979 à aujourd’hui, les recherches se sont élargies pour inclure les interactions entre les oies et la végétation des écosystèmes côtiers de la baie d’Hudson. Le camp, qui comptait un seul bâtiment au départ, en comprend maintenant plusieurs et a servi à des études à long terme sur l’Eider à duvet, le Lagopède des saules, le Bruant des prés, l’ours blanc et de nombreux oiseaux de rivage ainsi que sur les invertébrés aquatiques.

Dortoirs dans les années 1970.

Camp Nester Two — Camp de la baie La Pérouse en 2017.

Camp Nester Two — Vue aérienne du camp de la baie La Pérouse.

Camp de l’île Akimiski (établi en 1980)

Située sur la côte de la baie James, au Nunavut, l’île Akimiski était initialement un camp de tentes servant au baguage des Bernaches du Canada. En 1993, il a été agrandi pour permettre le suivi annuel de la nidification et de la survie des oisons. La recherche y est maintenant beaucoup plus étendue et se concentre sur des questions touchant l’écologie des communautés, y compris les interactions entre les oies et les plantes, la reproduction et la migration des oiseaux de rivage, ainsi que la diversité et l’abondance des invertébrés.

Le camp, maintenant permanent, dispose de bâtisses en contreplaqué et d’une zone d’atterrissage pour hélicoptères, le tout entouré d’une clôture comme au zoo  pour protéger les personnes et les hélicoptères des ours blancs. Bien que le brouillard côtier représente souvent un défi pour les aéronefs (de façon générale, des appareils Twin Otter ou des hélicoptères arrivant de Moosonee, en Ontario, à environ 225 km [140 milles] de distance), il faut surtout être attentif aux ours blancs.

Camp de tentes de l’île Akimiski au début des années 1980.

Camp de l’île Akimiski en 1990.

Camp de l’île Akimiski avec l’enceinte pour les hélicoptères, clôturée comme au zoo (à gauche du camp), en 2015.

Camp de l’île Nikko (établi au milieu des années 1980)

La recherche sur l’omble chevalier est à l’origine de l’établissement de ce camp, situé à environ 300 km (185 milles) au nord-ouest d’Iqaluit, sur l’île de Baffin, au Nunavut. La recherche sur les oies y a commencé au milieu des années 1980, et l’on y bague des oies annuellement depuis le début des années 1990. L’infrastructure du camp a été grandement améliorée au début de 2005.

Camp de l’île Nikko en 2015.

Station de recherche de la baie Walker.

Station de recherche de la baie Walker, presqu’île Kent (établie en 1986)

On a commencé à réaliser des recherches à cet endroit en 1986, lorsque la station de recherche actuelle de la baie Walker (presqu’île Kent) a été construite en 1989 par le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest (GTNO avant la création du Nunavut). Des études sur les oies ont été menées tout au long des années 1990 et portaient principalement sur les Bernaches du Canada et les Oies rieuses. Les effets des prédateurs sur la productivité des oies et les petits mammifères ont aussi été étudiés. L’installation est toujours disponible et il est possible de l’utiliser pour des programmes de recherche ou d’éducation en communiquant avec le gouvernement du Nunavut (http://cnnro.ca/walker-bay-research-station/).

Camp de l’île Bylot en 1989.

Camp de l’île Bylot en 2019.

Camp de l’île Bylot (établi en 1988)

Établi en collaboration avec l’Université Laval, ce camp se situe dans le parc national Sirmilik et le refuge d’oiseaux migrateurs de l’île Bylot. Chaque année, des dizaines de chercheurs canadiens et internationaux arrivent par hélicoptère de Pond Inlet (Mittimatalik), au Nunavut, à 84 km (52 milles) de là. Le camp, qui fait partie de réseaux nationaux et internationaux de recherche, permet de mener des travaux dans des domaines variés : l’écologie animale, la botanique, le suivi de la végétation, l’étude de la cryosphère (pergélisol, neige), l’hydrologie, la limnologie, le cycle du carbone et la répercussion du climat sur l’écosystème.

Camp du lac Karrak en 2009.

Camp du lac Karrak (établi en 1991)

La station de recherche du lac Karrak est située sur la plus grande île du lac Karrak, dans le refuge d’oiseaux migrateurs du Golfe-Queen-Maud, à environ 300 km (185 milles) au sud‑est de Cambridge Bay, au Nunavut. Cette station de recherche a été établie en 1991 et elle a d’abord été constituée d’un bâtiment principal et de deux tentes à armature. Elle compte maintenant six bâtiments. La première embarcation utilisée pour transporter les gens et l’équipement jusqu’à l’île a été construite avec des barils de plastique bleu et une feuille de contreplaqué. Les travaux de recherche au lac Karrak ont évolué vers une approche écosystémique : l’écologie de la reproduction et des populations, l’interaction entre les espèces, les effets environnementaux sur la démographie des populations et les interactions trophiques.

Camp de l’île Banks (établi en 1992)

Le camp principal de l’île Banks est situé sur la rive du lac SikSik, à environ 60 km au nord de Sachs Harbour (T.N.-O.). Il se compose de deux plateformes en bois recouvertes de toiles, utilisées pour la cuisine et l’entreposage. Des tentes supplémentaires sont aménagées pour y dormir. Le camp est utilisé pour la recherche sur la Bernache cravant, l’Oie des neiges, l’Eider à tête grise et les oiseaux de rivage, ainsi que pour des études sur l’habitat depuis 1992.

Île Banks.

Camp de la rivière Polemond, établi en 1997.

Camp de la rivière Polemond (établi en 1997)

Le camp de recherche de la rivière Polemond est situé à environ 60 km au sud de Puvirnituq, du côté de la baie d’Hudson, au Tuksukatuk River Lodge (Nunavik). Des travaux de suivi de la nidification et de la productivité des Bernaches du Canada y ont été menés de façon intensive de 1997 à 2003, et des activités de baguage y sont aussi effectuées depuis 1996. Au cours des activités de suivi intensif, des études sur les petits mammifères et la productivité de l’habitat ont également été réalisées.

Camp du ruisseau Burntpoint (établi en 2000)

Le camp de recherche du ruisseau Burntpoint a été construit en 2000 et a été utilisé pour la première fois pour des travaux sur l’écologie de la nidification de la Bernache du Canada en 2001 et pour le baguage de la Bernache du Canada et de l’Oie des neiges de 2001 à 2007. Depuis 2007, les activités de recherche ont une vaste portée écologique et comprennent le suivi des Bernaches du Canada au sud de la baie d’Hudson, des études sur l’écologie des oiseaux de rivage, y compris des projets de marquage et de télémétrie, et des études sur la diversité et l’abondance des invertébrés et la dynamique du pergélisol.

Ruisseau Burntpoint en 2017, avec un nouveau bâtiment d’entrepôt‑laboratoire.

Eureka, île d’Ellesmere, de 2007 à 2009.

Camp Eureka, île d’Ellesmere, de 2007 à 2009

Un camp de recherche a été établi de 2007 à 2009 pour l’étude d’une aire de reproduction de la Grande Oie des neiges. Des activités ont été menées à partir d’Eureka à l’ancienne base opérationnelle du Programme du plateau continental polaire. Pendant cette courte période, les principales activités ont consisté à faire le suivi de couvées ainsi qu’à baguer les Grandes Oies des neiges. Parallèlement, des renseignements ont été recueillis sur les petits mammifères, les prédateurs (renards et loups) et les activités de nidification d’autres espèces d’oiseaux.